

Dossier:
Les médias et la mondialisation
"Des représentations de la place des femmes musulmanes dans l'Islam en Suisse romande"
Par: Vanessa Gil, Juan José Muñoz et Jerónimo Pardo
Méthode: Un émission de radio "Parlons ensemble"

INSPIRÉ DE L'ARTICLE
"Représentations de la place des femmes musulmanes dans l’Islam en
Suisse romande"
de Karine Darbellay
RÉSUMÉ
PRÉSENTATRICE : Vanessa : Bonjour à tous et bienvenus à une nouvelle émission de Parlons ensemble ! Un espace où parler du monde.
Aujourd'hui, nous parlerons d'un sujet qui a secoué "Swiss Pacifica" et qui a pris une place dans la revue Politorbis, une revue suisse de politique étrangère ; à cette occasion, nous parlerons d'un des articles publiés dans le numéro 48 (quarante-huit) de 2010 (deux mille dix), dans lequel la situation des femmes a pris la parole.
L'inégalité des femmes musulmanes est largement discutée pour la société occidentale en général. Les médias et les campagnes politiques utilisent des symboles divers pour représenter cette inquiétude comme le hijab, entre autres d’une manière sans discernement qui peut aussi cacher des messages racistes et justifier un regard de supériorité culturelle et discriminatoire.
"Des représentations de la place des femmes musulmanes dans l'Islam en Suisse romande" est le titre donné à l'article de Karine Darbellay : doctoresse en sciences de l'information et de la communication et licenciée en journalisme, psychologie et ethnologie. Dans son article, elle expose un problème que nous allons explorer dans cette émission avec deux experts sur le traitement médiatique des rapports sociaux des sexes dans le contexte des questions de migrations et, plus particulièrement, dans le contexte de l'immigration musulmane.
Pour mieux comprendre ce que Karine Darbellay décrit dans son article, nous recevons Jeronimo Pardo, docteur en sociologie et spécialiste des mondes arabes et musulmans contemporains, qui nous expliquera en détail cette importante recherche menée par Darbellay. Bienvenue Docteur !
EXPERT #1 : Jeronimo : Oui Vanessa, et je voudrais vous remercier de votre invitation à participer de cette émission. Récemment, au sein de la région romande de la Suisse, c'était lancé une campagne politique pour interdire la construction des minarets islamiques dans la région, la publicité politique fait l’usage de symboles patriotiques comme le drapeau suisse vers les symboles qui donnent une sensation d'invasion culturelle comme les minarets et les femmes avec le voile comme symbole de la réduction des libertés aux femmes. En plus, il y a d'autres exemples où les médias instrumentalisent l’image des femmes musulmanes pour justifier des actions discriminatoires et des fins politiques par exemple l’invasion à l'Afghanistan et à l’Irak et donner la sensation que ces actions étaient justifiées pour libérer les femmes de leur propre culture machiste.
Pour cette raison, il y a besoin de donner une vision académique et sociale au problème pour identifier les représentations de la population romande à l'égard de l'islam et notamment de la place de la femme. Ce sujet a attiré l’attention de l’auteure de l’article, elle a proposé la formation des divers groupes culturels-religieux qui comprenait à la fois des hommes et des femmes, musulmanes et non-musulmanes, pour contraster des opinions sur l'Islam en Suisse et notamment sur la place des femmes dans la société musulmane.
L'analyse des données recueillies a révélé les opinions des participants musulmans et non-musulmans : principalement en ce qui concerne les relations entre les hommes et les femmes au sein de l'Islam selon les non-musulmans elles sont profondément inégales, tandis que pour les musulmans, les relations inégales entre les hommes et les femmes n'ont rien à voir avec les valeurs islamiques. En approfondissant ces perceptions, les chercheurs ont constaté que tous les deux groupes avaient des arguments pour soutenir son point de vue, mais que la grande majorité des participants s'accordaient à dire que la discrimination sexuelle n'est pas propre aux normes islamiques.
En plus de ce qui précède, la chercheuse a constaté que la perception des personnes non-musulmanes sur la place des femmes dans l'islam est fortement liée au port du voile islamique. Les discours des participants ont été analysés et classés en trois catégories : le voile comme symbole religieux, la signification culturelle du voile et le voile associé à la soumission des femmes. Le port du voile islamique est associé comme un symbole de la place des femmes musulmanes comme des victimes de leur religion et leur culture, une association que de nombreuses femmes islamiques pratiquantes rejettent et considèrent comme une fausse considération. Cependant, selon l’auteure, cette association a été implantée dans les sociétés d'accueil (en ce cas la Suisse) et a posé des difficultés pour l'intégration des femmes voilées dans les sociétés d’accueil. Pour les participants qui étaient non-musulmans, le sexisme exercé par des oppresseurs au sein de l'Islam crée une vision homogène et un imaginé d'un Islam menaçant contre le modèle culturel de l'Occident. D’autre part, les participants musulmans ont conscience des critiques formulées contre eux et signalent les visions qu’ils jugent erronées de l’Islam et dénoncent la focalisation qui est faite, par exemple, sur le port du voile comme prétexte pour alimenter les tensions.
Par conséquent, les chercheurs concluent qu'un faux débat a été créé sur la question du rôle des femmes au sein de l’islam, débat qui détourne l'attention d'autres questions politiques, économiques et médiatiques qui sont couvertes par la discussion sur le port du voile musulman ou la construction des minarets et qui ont peut-être plus d'influence sur la situation des femmes musulmanes en Suisse romande.
Merci Vanessa.
VOCABULAIRE
Vanessa : Merci beaucoup Jeronimo pour cette explication très détaillée sur ce sujet intéressant. Cependant, peut-être pour certains de nos auditeurs, et même pour moi, il y a quelques concepts qui ne sont pas totalement clairs et qui sont sans doute très importants pour comprendre la pertinence de cette étude. Juan José Muñoz, spécialiste en philologie et grammaire des langues et assistant au département de politique suisse de l'Institut des sciences politiques de l'Université de Berne, est avec nous pour développer certains des concepts importants.
Bienvenu Juan José !
Expert #2 : Juan José : Bonjour à tous, merci beaucoup Vanessa.
Vanessa : Docteur, commençons par les concepts fondamentaux, nous avons tous entendu parler des musulmans, de la burqa, des minarets, mais qu'est-ce que chacun d'entre eux représente réellement ?
Juan José : Bien sûr, nous devons d'abord comprendre que les musulmans sont ceux qui croient en l'islam et le pratiquent selon leur livre saint, le Coran. Être musulman implique l'adoption de certaines croyances telles que le port de la burqa ou des différents voiles islamiques, pour les femmes. La burqa est le type de vêtement le moins répandu dans le monde islamique et aussi le plus controversé. Il s'agit d'un vêtement qui couvre le corps de la femme de la tête aux pieds, y compris les yeux, qui sont couverts derrière une maille. Et les minarets sont les temples sacrés où les musulmans se rassemblent pour prier.

Vanessa : C'est intéressant ! Dans l'article de Darbellay, les points de vue des chrétiens et des musulmans sont contrastés. Quelles sont les autres différences entre le christianisme et l'islam ?
Juan José : Il y a deux religions dans le monde qui ont le plus d'adeptes : le christianisme et l'islam. Le christianisme, est une religion abrahamique basée sur les enseignements de Jésus de Nazareth et l'islam, qui est également une religion abrahamique, mais contrairement à l'autre, cela a établi ses croyances sur le Coran, Ala comme Dieu et Mahomet comme son prophète. Tous deux sont très différents et ont des traditions particulières, mais ils coïncident aussi dans certaines de leurs lois fondamentales. Même si, ça ne veut pas dire que l'un est meilleur que l'autre puisque les deux sont très populaires et ont leur place dans l'histoire.

Vanessa : Oh bien, maintenant je comprends. Alors, quelle est la relation entre le féminisme, le machisme, le sexisme et le racisme au sein de ces positions religieuses ?
Juan José : Celles que vous venez de mentionner sont des positions idéologiques qui peuvent être adoptées par les gens en fonction de leurs croyances religieuses, lesquelles influencent profondément la façon dont chaque personne voit le monde et entre en relation avec lui. Par exemple, le féminisme est un mouvement social qui postule l'égalité entre les hommes et les femmes, contrairement au machisme, qui expose une attitude de quelqu'un qui pense que l'homme est meilleur que la femme, et se sont associés à des cas de racisme et de sexisme, qui construisent une idée d'inégalité entre les cultures et les sexes.

Vanessa : Oui, mais, malheureusement, ces trois derniers concepts se voient beaucoup aujourd'hui dans la culture arabe, et de la même manière, on peut contempler la naissance de mouvements féministes qui soutiennent les droits des citoyens, qui sont associés à des thèmes comme l'usage du burka et l'image des femmes dans ces communautés.
Et pour conclure cette section, dans l'article, la problématique exposée par l'auteure est traversée par trois concepts fondamentaux : les représentations sociales, les médias et le multiculturalisme. Dr. Munóz, comment pourrions-nous mieux comprendre ces concepts dans le cadre dans lequel Darbellay les propose ?
Juan José : Dans l'article de Darbellay, nous pouvons comprendre les représentations sociales comme ce qui fait partie de la vie quotidienne des sociétés ; ce sont des formes spécifiques de connaissances de sens commun qui sont construites dans les échanges avec la vie quotidienne. Ce sont des formations cognitives produites collectivement qui se situent à l'intersection entre l'individuel et le social et ont une fonction précise dans l'orientation des comportements et la communication entre les individus et les groupes. En bref, les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique orientée vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l’environnement social, matériel et idéal.
Ainsi, les médias exercent une influence sur la société, car ils sont devenus un moyen de construire des connaissances qui influencent la pensée et le comportement des gens, provoquant souvent des confrontations idéologiques au sein de la même société. Il est alors pertinent de comprendre que le multiculturalisme, compris comme une idéologie, est la voie qui nous aide à comprendre et à accepter la différence et la diversité culturelles, religieuses, linguistiques, entre autres dans un même contexte social. C'est ce concept qui nous permettrait de résoudre des conflits tels que celui exposé dans le travail de Karine Darbellay.

Vanessa : Merci beaucoup, Dr Muñóz, de vos explications claires. Maintenant, que cette question est un peu plus claire, je voudrais vous demander, Dr Muñóz et Dr Pardo, votre avis sur l'article dont nous avons discuté et la situation qu'il soulève.
Allez-y, Dr Pardo….
OPINION
Jeronimo : L'article expose un type d’exploitation de l’image des femmes non pour reconnaître leurs droits et soutenir leur processus d'émancipation, mais pour les instrumentaliser et justifier des violences culturelles et discriminatoires. Qu’en pensez-vous Vanessa?
Vanessa : C'est fondamental de reconnaître que les traitements discriminatoires fondés sur le sexe ne sont pas exclusifs aux normes islamiques et que nous donnons la parole et l'autonomie à nos femmes comme les femmes des autres contextes culturels et religieux. Et il y a quelque chose à dire sur le rôle des médias… Juan José qu’est que vous en pensez ?
Juan José : Les médias comme la politique représentent des idées et des positions des sociétés sur leur propre conception de la réalité, tous les deux jouent un rôle fondamental pour la construction harmonique ou la décomposition des connexions entre des membres qui constituent ce complexe tissu. Donc cela nous parle de leur importance et de la responsabilité que les médias ont dans notre société en général.


REFLEXION
Vanessa : Merci, merci d'avoir partagé vos points de vue, je suis tout à fait d'accord avec ce que vous avez dit. Et comme citoyens d'un monde chaque jour plus connecté et la présence d'une large diversité des gens et des cultures, il y a besoin d'écouter des multiplicités des voix, travailler et construire ensemble et procurer l'émancipation de tous les membres des communautés pour vivre-ensemble autour de la paix.
Il est très important de se rappeler que les médias jouent un rôle clé et une grande responsabilité pour fortifier ou affaiblir les liens étroits du tissu social chaque fois plus complexe, surtout dans la construction des imaginaires de genre, religieux et culturels.
Aujourd'hui, nous avons besoin de citoyens actifs et critiques qui observent, analysent et clarifient avec d'autres les informations que nous offrent les médias, afin d'éviter de perpétrer des actes de violence et d'exclusion et de prendre conscience de notre réalité pour surmonter les actes d'oppression au sein de la société. Et dans le cas de notre programme d'aujourd'hui, la violence sexiste et culturelle.
Et pour terminer notre émission aujourd'hui, nous aimerions entendre certains de nos auditeurs. Bonjour, qui est à l`appel?
C’est notre écoutant David Alejandro, bonjour David Alejandro ! Que-pensez-vous de l'image de la femme dans le monde Islamique ?
David Alejandro Giraldo : Je pense que l'image de la femme dans le monde islamique est fréquemment conditionnée par les médias alors elle n'est pas représentée de manière pure et réelle. Il y a trop d'injustice et d’abus dans le monde arabe qui sont cachés ou déformés par les médias et qui ne nous permettent pas de voir la vraie réalité. On peut la connaître grâce à la littérature, à la musique de protestation ou aux militantes des droits des femmes.
Vanessa : Merci de votre réponse ! Maintenant nous avons Camilo en ligne, Bonjour cher Camilo ! Est-ce que vous comprenez la situation de la femme là ?
Camilo : Je pense qu'on croit qu'on la connaît. Mais, comme d'habitude, on ne connaît pas une situation jusqu'à ce qu'on la vive dans notre propre chair.
Vanessa : Merci, c’est un grand plaisir d'écouter vos opinions. David Alejandro Londoño à Medellin nous appelle pour partager sa perception. Bienvenu David Alejandro, Quelles sont les caractéristiques qui définissent une femme musulmane ?
David Alejandro Londoño : Je pense qu’il n’y a pas de caractéristiques qui définissent les femmes musulmanes, parce que c’est un groupe très grand, et il y a beaucoup de diversité dans ce groupe. Il y a des millions de femmes dans le monde très différentes les unes des autres qui n'ont en commun plus que la religion qu'elles professent, dans ce cas, l’islam.
Vanessa : C’est une jolie réflexion David. Et Juan Pablo Mesa nous appelle de la Colombie aussi pour répondre à cette question : Pensez-vous que la violence contre les femmes est une problématique uniquement des communautés musulmanes ? Pourquoi ?
Juan Pablo Meza : Je crois que la violence contre les femmes est une problématique globale, on peut voir comment, ici, en Colombie, il y a une grande quantité de cas de violence physique, psychologique et sexuelle contre les femmes. Être une femme en Colombie n'est pas synonyme de tranquillité.
Vanessa : Merci, merci, Juan Pablo de vos paroles. Finalement une autre fois David Alejandro Giraldo nous attend en ligne pour donner son opinion sur cette question, David Alejandro, Qu'est-ce que vous pensez du rôle des médias sur la création des fausses imaginaires ?
David Alejandro Giraldo : Je pense qu'à l'ère de la désinformation, les médias ont beaucoup à faire avec les faux imaginaires entre la population à propos de l'image qu'ils ont des femmes dans le monde islamique. Très souvent, la situation est très différente de la réalité. Par exemple, il y a beaucoup de femmes qui décident par leur propre volonté d'utiliser la burqa, quand elles ont de la liberté pour utiliser d'autres robes. De la même manière, il y a beaucoup de femmes qui se trouvent dans une situation très difficile d'abus, mais les médias n’ont pas l'intérêt pour montrer ses réalités.
Vanessa : Bien ! Merci ! merci ! Nous sommes rendus à la fin de notre émission, je voudrais remercier notre audience et les experts qui nous accompagnent aujourd'hui.
Jeronimo : Merci Vanessa de nous avoir accueilli.
Juan José : Merci Vanessa de nous avoir ouvert cet espace.
Vanessa: À la prochaine.










